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Journal de confinement - E. Galois - Sartrouville

Jean-Michel Maulpoix - Du 6 au 12 avril 2020 - Proposition n°1

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mercredi 8 avril 2020
par VILLARD Violette


Journal de confinement - E. Galois - Sartrouville

Confinés, comme nous le sommes aujourd’hui

Le confinement ouvre-t-il l’imaginaire et provoque-t-il une transformation de soi ?

Contexte
Classe de 1ère - HLP
"Je vous propose aujourd’hui de réfléchir sur cette notion même de confinement, aller en chercher l’étymologie, jouer avec ses sens, voir ce qu’elle implique quant à notre droit inaliénable d’être libre, voir ce qu’elle fait, comment elle agit sur notre propre pensée, vie, imaginaire.
Vous pouvez m’envoyer des fragments écrits en association libre sur votre confinement, une sorte de Carnet de bord. Journal de confinement.
La seule contrainte comme à l’accoutumée est de réfléchir et d’écrire librement.
Question-guide : Le confinement ouvre-t-il l’imaginaire et provoque-t-il une transformation de soi ?"

Texte proposé par Liséane S.

À nos inspirations

Ironie.

Une ville illuminée, et tout s’éteint, d’un coup. Une panne.
Une musique transcendante, et puis plus rien. Tout devient vide.

Mais la mélodie reste.
L’aspiration soudaine de partir en voyage. Mais où ?
Voilà ici l’art des indécis,

ou des trop inspirés,

Reviens.
Reviens.
Ne t’essoufles pas. Prends ton temps.
Nous avons tout le temps. Nous avons toute ma vie. Dialogue incohérent

qui ne savent que choisir,
tant le monde les attire.

d’une âme et d’un esprit
l’un est trop exigeant

Réagis.
Réagis.
Capture cette étincelle. Elle ne reviendra plus.

Trop tard. Tu as trop attendu. Tant pis

Une autre fois ?
Elle ne reviendra pas. Je te l’ai déjà dit.

Pour toi.

Texte proposé par Cyril G.

Un seul mot à la bouche, un seul verbe à l’esprit depuis quelques jours. Mais que signifie-t-il réellement ? Lorsqu’on l’invoque, il évoque un manque, une interdiction, provoque une oppressante sensation d’étouffement. Alors on feuillette les pages du dictionnaire, qui, cette fois-ci, nous donnent raison.

Confiner, verbe transitif : Enfermer quelqu’un dans un lieu, se tenir dans d’étroites limites.

Confinement : substantif dérivé de confiner, serrer, limiter.

Seulement, qui se veut philosophe ne peut rester face à cette unique réponse, qui semble mener à l’aporie la plus totale, au désespoir de plusieurs semaines. Il nous faut étendre ses sens, desserrer ces nœuds qui nous étranglent et entravent ce mot et ses possibles. Les limites doivent être étendues et repoussées, pour ouvrir le champ de nouvelles réalités. Et si cet enfermement bien réel nous ouvrait au contraire de nouveaux espaces, inexplorés, oubliés ou délaissés dans nos quotidiens perpétuellement précipités ?

Si on poursuit notre lecture, on atteint un deuxième sens usuel, trop peu emprunté en ces temps déroutants.

Toucher à un lieu par ses frontières.

Voilà qui projette une lumière nouvelle sur ces derniers jours. Cet enfermement serait-il l’occasion de toucher, d’approcher un monde neuf ? D’effleurer du doigt la vaste étendue de notre esprit ? Le propre de l’Humain est de s’affranchir des contraintes physiques, de dépasser son statut animal, de transcender sa condition de mortel. Il me semble que ce qui paraît contrainte nous offre finalement matière à cette transfiguration ; un élément qui bien souvent nous manque : le Temps. Le temps de se retirer en soi-même, d’interroger nos certitudes, de sortir peut-être un peu moins sophiste, grandis de cette période. Le temps de créer, d’inventer, de se livrer à l’Art sous toutes ses formes. Le temps d’explorer les confins -justement - de notre imaginaire, de se laisser dériver au fil de la mémoire, dans une synesthésie des souvenirs qui laisse remonter à la surface une infime mais précieuse part de notre inconscient. Le temps de ne rien faire aussi, inestimable luxe qui nous échappe bien souvent. Le temps de se livrer à une véritable introspection, de se plonger dans nos méandres, dans notre énigme personnelle et pourtant universelle. Le temps de se délecter de mots, de musique et de beauté, de boire jusqu’à plus soif l’eau bénie de la littérature et des idées, de s’adonner à l’ivresse d’étudier, d’apprendre un peu plus et de constater l’étendue de ce qu’il reste à connaître. Le temps de savoir que l’on ne sait rien. Celui d’apprécier pleinement tout ce dont on est privé, de mesurer véritablement l’importance de nos libertés, la valeur des autres et de l’amitié, et peut-être d’inventer de nouvelles voies, de nouveaux sens. Finalement, le temps de philosopher.

Texte proposé Par Marina D.I.

Aujourd’hui mon sujet de réflexion va se porter sur l’ennui,l’ennui que nous vivons tous et toutes actuellement.

On connait tous l’ennui comme étant une émotion se manifestant sur le plan physiologique par une baisse de l’énergie et une somnolence envahissante. Mais cet ennui, permet aussi de prendre de la distance, de nous détacher de notre corps et de notre environnement pour réfléchir sur nous-mêmes.

Moi, je pense que l’ennui est positif, bénéfique pour tous, évidemment a petite dose. Le fait de trop souvent s’ennuyer peut rendre la vie peu joyeuse. Mais il peut permettre beaucoup de choses,comme le fait de se remettre en question,réfléchir au sens de nos décisions ou prochaines décisions. Il permet aussi de se reposer et ne rien faire, juste profiter de cet ennui. Un exemple, le confinement pour moi provoque a plusieurs reprise de l’ennui, mais cet ennui m’apaise,me fais du bien,il me permet de penser a la vie, penser aux gens qui m’entoure. Surtout le soir quand le sommeil n’est pas présent, l’ennui me gagne, et me fais réfléchir, réfléchir sur la situation, sur la fin. Ce qui est bien avec l’ennui c’est que parfois on se sent vide, sans émotions, on ne pense plus a rien, on est la mais sans vraiment l’être. J’ai trouvé une phrase qui pour moi décris parfaitement parfois l’ennui que je ressens "Ennui, rien n’est si insupportable à l’homme d’être dans un plein repos,sans passions,sans affaires,sans divertissements, sans divertissements, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide" - Blaise Pascal. La fin de cette citation est bien vraie, c’est bien à ce moment la que toutes les émotions se mélangent, la tristesse, la joie, le désir. L’ennui peut se manifester partout, a la maison, a l’école, au travail partout. Une solution, dormir, dormir permet beaucoup de choses, de ne pas penser, ni réfléchir, de rêver, de calmer la douleur et enfin de taire l’ennui.

Texte proposé par Mathieu P.

Bonjour madame,
Voici en cette journée ensoleillée, une réflexion sur la notion du confinement :

On parle à l’accoutumée de confinement pour les prisonniers, qui sont isolés de la population. La France possède-t-elle donc 67 millions de prisonniers sur son territoire actuellement ? Je ne le pense pas, du moins nous ne sommes pas directement prisonnier de notre milieu de vie. Certes, le droit d’être libre semble compromis, mais pour quel résultat ? pour quel prix ? “Être libre ou mourir” pourrait être le slogan d’une campagne de sensibilisation pour nous inciter à rester confiné car nous ne pouvons pas biologiquement parlant se défaire du destin que la mort réserve à chacun. Il paraît plus sensé de ne pas sortir de chez soi, en laissant de côté temporairement notre liberté, plutôt que de mettre en danger sa personne et celle des autres. C’est du moins comme cela que l’humain est construit. Le désir de survie est le plus fort. L’inconscient comme le conscient sont alliés dans ce désir de garder la vie et ainsi notre droit d’être libre n’est pas impliqué pour la majorité dans un élément de contestation au confinement.

Le confinement entraîne nécessairement des changements dans le mode de vie, la façon d’être, les personnes avec qui nous sommes en cohabitation peuvent être différentes de celles de notre routine. La notion peut amenée à des points diverses. Tout d’abord, la façon dont on va gérer tous les aléas de la vie. Chacun vit son confinement différemment, cependant il y a des groupes de personnes plus affectés que d’autres. Je prend ici l’exemple des personnes atteintes de troubles de l’anxiété. Celles-ci ont plus de mal à vivre le confinement car plus facilement angoissées par l’idée de certaines choses. Ne pas voir ses proches, être enfermé sont des facteurs possibles à la crise d’anxiété.
Le confinement agit sur la pensé de manière plus ou moins modéré quant à certaines choses. Mais notre cerveau tente toujours de mettre en place des stratagèmes de défense face à des idées qui peuvent être dangereuses pour la vie. La musique, les livres, les films… il y a énormément de moyen de s’échapper de chez soi tout en y restant confiné. Les moyens ne sont pas efficaces de la même manière pour tout le monde, chacun adopte alors celui qui lui convient le mieux. Il reste quand même une minorité qui je pense, n’arrive pas à s’ouvrir au dehors et pour qui le confinement est difficile. La découverte d’un leitmotiv propre au confinement semble être une solution pour pallier aux problèmes qui peuvent advenir.

La solution universelle pour gérer le confinement serait-elle de se transformer pour s’ouvrir à l’imaginaire ? S’imprégner de l’imaginaire par la sortie du réel, être dans un état qui va à l’encontre du vraisemblable. L’écriture, la pensé, ce sont deux moyens que l’on a pour se transmettre une chose que l’on invente. Il en existe assurément d’autres. Devenir l’incarnation de son intériorité par l’introspection pour découvrir l’imaginaire que l’on pensait, devenir une réalité, paraît un exercice complexe. Il faut alors se jouer du temps, se le donner, pour accomplir les choses.

Texte proposé par Sarah M.

Texte proposé par Louis P.

Blaise Pascal affirmait au XVII siécle : “tout le malheur des Hommes vient d’une seul chose,qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre”. Cette réflexion appelle à nous questionner sur les bienfaits du confinement de nos jours suite à l’arrivée d’un virus provenant d’Asie. Ce confinement fait de nous des ascèses incomplets puisque malgré le fait que nous soyons coupés du monde, internet nous y rattache ainsi que les individus avec laquelle nous sommes confinés. Mais finalement cette ascèse partielle ne serait pas un équilibre juste entre la radicalité de couper tout contact avec la société et l’aliénation que nous impose cette même société ? Dans la première partie, je développerai du pourquoi il est nécessaire à toute pensée de quelque nature qu’elle soit de se détacher de la société puis dans la seconde, j’indiquerai que cette société est enrichissante pour toute ces idées.

Nous sommes dans une société qui uniformise et exerce une pression sociale continuelle sur notre comportement, notre façon de s’exprimer mais surtout sur nos idée. Ainsi il est mal vu de se déclarer d’une quelconque idéologie politique ou doctrine philosophique. Cela nous pousse donc à changer d’idéologie. Ce phénomène est observable dans tous les régimes politique qui façonnent notre société y compris dans les démocraties libérales. Ainsi dans son livre De la démocratie en Amérique Alexis de Tocqueville va définir ce qu’est “la tyrannie de la majorité”. Cette idée dénonce le fait que dans nos démocraties, le peuple souverain soumet la minorité à une forme de totalitarisme empêchant celle ci de s’exprimer et remplace donc la logique et le débat par un bête appelé à la popularité. Ainsi pour développer une philosophie en toute objectivité et impartialité, il est donc nécessaire de quitter la société le temps de la réflexion.
L’enjeu de notre vie est de lui donner un sens. Pour l’immense majorité des individus, il s’agira de rechercher le bonheur. Ce qui caractérise notre époque est cette recherche du bonheur à travers des plaisirs éphémères et matérialistes, oubliant alors complètement la spiritualité et la réflexion métaphysique. Pratiquer l’ascèse nous permet donc de se recentrer dans ces domaines philosophiques en éloignant les plaisirs superflus. D’ailleurs Emmanuel Kant pense que l’ascétisme est la manière de
vivre de tous les Hommes afin d’atteindre “le bonheur suprême” dans Fondements de la métaphysique des moeurs.L’ascèse doit on être suffisamment rigoureuse pour être efficace et permettre d’approcher le “bonheur”.

Néanmoins, elle doit être assez souple pour permettre la découverte de nouveaux horizons de la pensée. En d’autre terme, il faut que celui qui pratique l’ascèse soit inspiré pour, à partir de cette vision développer lui même ses idées. Cette démarche aura aussi l’avantage de sortir l’Homme de sa zone de confort et de le confronter à la diversité de la vie. Cela peut être permis par une forme d’ascèse collective qui est extrêmement difficile, mais l’on peut aussi s’isoler dans un lieu ou une région inconnue comme la fait Alexandra David-Néel Française partie au Tibet pour pratiquer l’ascèse bouddhiste auprès du maître ermite Lachen Gomche Rinpoché. L’ascèse s’il veut être pertinent doit donc être précédé d’un solide apprentissage puisque l’on ne construit rien a partire du néant
Le but de l’ascèse est de parvenir à une forme de transcendance dans cette optique, c’est à la fin de l’ascèse que notre réflexion doit être mise à l’épreuve, il est donc nécessaire de pratiquer l’autocritique ou encore de s’afficher en public pour débattre de la pertinence des doctrines. Cette idée contraire à l’ascèse mais pas à la philosophie permet donc d’aboutir à une pensée logique et raisonnée. Socrate d’ailleurs se mettait en scène sur la place publique pour faire son autocritique. Nietzsche lui aussi dans son livre Ainsi parlait Zarathoustra va envoyer son ermite Zarathoustra transmettre son message aux Hommes. Ainsi l’ascèse pour être évalué doit être confronté à un regard extérieur. L’ascèse est donc un moyen et non pas un but.

En période de confinement, il est donc nécessaire de pratiquer l’ascèse incomplète
puisqu’elle est la parfaite équilibre entre la recherche du bonheur ainsi que du sens de notre vie, puisqu’elle met à l’épreuve notre pensée et permet aussi de la transmettre au autres Hommes tout en éloignant le spectre de la pression sociale. Cette période réunit donc les conditions idéales pour aboutir par ascèse incomplète à la transcendance.

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