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Les pétales qui tombent sur le rebord du balcon

Jean-Michel Maulpoix - Du 6 au 12 avril 2020 - Proposition n°2

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mardi 7 avril 2020
par Louise


Les pétales qui tombent sur le rebord du balcon

... c’est l’attente qui est magnifique ...

Les pétales qui tombent sur le rebord du balcon

Le soir, on est assis, face à l’écran, et l’on écoute. Flot de paroles, d’images qui se succèdent. Et nous, nos yeux rivés sur les chiffres qui augmentent chaque jour, on se dit qu’on est bien là où l’on est, qu’on est bien et que rien ne nous arrivera tant que l’on reste chez nous.

Redécouvrir certaines choses qui nous paraissaient futiles auparavant. En traversant tous les matins et tous les soirs le jardin, on ne fait plus attention aux détails, trop absorbés par la vie active. A présent on remarque des éléments qui se détachent du décor naturel. Prendre le temps d’observer la plante qui grandit, d’apprécier le potager ratissé quinze fois dans la même journée, de se dire : « tiens, je n’avais pas remarqué cette fleur à tel endroit », « c’est fou le nombre de pétales qui tombent sur le rebord du balcon » ou encore, « pourquoi n’ai-je pas arraché cette ronce plus tôt ? ». Les pas se succèdent, sans savoir véritablement où l’on va. Un mouvement en précède un autre. Il n’y a pas de destination particulière, ni d’objectif précis. On marche seulement, profitant des quelques mètres du jardin qui constituent le seul espace. Pour le moment. Un espace qui paraissait petit avant et qui incitait à se rendre dans des lieux plus ouverts comme le parc ou la place de la ville. Et pourtant à présent, l’on savoure la chance immense que l’on a de pouvoir s’ennuyer à l’air libre, dans la nature. Le mouvement des abeilles, les bruits d’arrière-fond, le vent frais. Prendre le temps de sentir tout cela. Prendre le temps de se sentir vivant.

Ce temps devant nous qui nous manquait cruellement au quotidien pendant les études. Avoir le temps de retravailler telle matière, de prendre le prochain train, passer à la maison nourrir le chat, attraper une pomme ou un bouquin pour s’occuper dans le wagon. Ce temps qui nous fuit, impossible à rattraper. Il est là maintenant. Pendant deux semaines il nous a collé à la peau et il nous collera deux semaines encore et encore jusqu’à nouvel ordre. Jusqu’à nouvel ordre on a le temps avec nous. On s’occupe, chaque mouvement prend de l’importance. Repousser l’ennui qui pousse à sortir. Patienter en silence chez nous. Méditer. Compter les mouvements, les gestes, jusqu’à ce que tout redevienne comme avant.

Autour, le monde semble s’être arrêté, en suspension dans l’air, près à redémarrer à tout instant.

Louise, élève de Tle, Lycée La Bruyère

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